Le Normandie
2 janv. 2020

29 mai 1935, port du Havre. La sirène du Normandie retentit. L’un des premiers palaces flottants s’élance pour l’Amérique. Dans l’ambiance feutrée des salles à manger, pas moins de 40 000 pièces d’orfèvrerie de la Maison Christofle attendent les passagers les plus chanceux.  

Du contemporain, rien que du contemporain  

L’aventure commence dès 1933 avec les premiers dessins de Luc Lanel, le créateur des collections de la Maison Christofle. Inspirée par la sphère, très épurée, celle-ci est novatrice à une époque où les lignes sont carrées et anguleuses. Comme dans l’hôtellerie, chaque pièce d’orfèvrerie est en métal argenté pour résister au temps. 

  

Pour l’occasion, Luc Lanel a stylisé le sigle de la CGT, Compagnie Générale Transatlantique. Sur chaque pièce, les trois lettres s’entremêlent dans un arrondi harmonieux. Comme pour les autres collections de la Maison, le poinçon Christofle est apposé jusque sur le plus petit des couverts.  

Luxe, calme et belle traversée 

Si le transport maritime de passagers vers l’Amérique existe dès la fin du 19ème siècle, il faut attendre le début du 20ème siècle pour qu’il se développe. Les conditions de voyage n’ont cependant rien à voir avec le transport maritime d’aujourd’hui.  

  

A l’instar du Titanic en 1912, le Normandie est conçu comme un véritable palace flottant. A bord, les passagers retrouvent le luxe des grandes Maisons françaises. La magnificence du cristal, la finesse des porcelaines et bien sûr Christofle, la plus précieuse des orfèvreries.  

  

La collection dessinée par Luc Lanel est très appréciée des passagers. Très vite, Christofle l’intègre à son catalogue pour que ses clients s’offrent chez eux les pièces d’orfèvrerie qui les ont accompagnées durant la traversée.  

Une collection sauvée

En août 1939, à l’aube de la seconde guerre mondiale, le paquebot est réquisitionné pour devenir un hôpital. Mobilier, décoration et orfèvrerie sont évacués du Normandie. La Maison Christofle, ne pouvant se résoudre à voir disparaître son immense collection, se décide à la racheter. Mise à l’abri en France, certaines pièces équiperont le nouveau paquebot France en 1962.  

  

Aujourd’hui encore, il n’est pas rare de découvrir lors de ventes aux enchères, des couverts, une cloche ou une timbale issus du fameux service des 40 000 pièces du mythique paquebot Normandie. Une belle occasion de toucher du doigt une collection plus que centenaire mais toujours très actuelle.